Welcome [Pv Fausto]

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« Pardonnez-moi. Pourriez vous m’indiquer une auberge non loin d’ici ? »

« B’soir Mam’selle ! »

« Si j’ai bien une idée. Vous avez cas me suivre ! »

« Laissez tomber. »

« J’ai dit laissez tomber. »

La nuit tombait sur la ville et le prêtre marchait d'un pas tranquille dans les rues qui se vidaient petit à petit de toute vie. Après tout, une bête assoiffée de sang s'y baladait la nuit et s'attaquait à ceux qui se présentaient sur son chemin. Il savait parfaitement que c'était un homme qui était à la base de ces horribles mutilations, mais à ses yeux, il agissait plus comme un animal qu'autre chose. Et s'il ne semblait pas plus inquiet que cela par la nuit qui tombait, c'était bien parce qu'il cherchait à faire face au tueur, à pouvoir planter son regard dans le sien et mettre un visage sur l'inconnu.

C'était bien suicidaire comme mode de fonctionnement, mais il fallait bien faire quelque chose et puisque ses nuits étaient plutôt courtes depuis quelques temps, autant les mettre à profit pour traquer l'assassin.

Les mains toujours plantées dans son dos, il observait d'un regard plutôt scrutateur les ombres qui grandissaient bien rapidement, aux aguets, prêt à faire face à tout ce qui pouvait lui tomber dessus. Fausto n'était pourtant pas armé, mais ça ne semblait pas l'inquiété plus que cela, Dieu était avec lui et il LUI faisait entièrement confiance et si son heure était arrivée, il ne pourrait pas aller à l'encontre de son destin. Il abhorrait de toute façon les armes et la violence, ça réglait donc le problème.

Des bruits lui parvinrent bien vite aux oreilles et il comprit très rapidement qu'il y avait anguille sous roche. La voix d'une jeune femme se faisait entendre, qui semblait demander qu'on lui foute la paix, à croire qu'elle avait fait la rencontre d'un personnage des plus collants. S'approchant alors de la source des voix, l'Inquisiteur eut bien vite droit à voir la scène. Comme il l'avait pensé, une femme était acculée contre un mur menaçant du doigt un homme qui riait de la situation, sachant pertinemment que s'il le voulait, la jeunette ne ferait pas le poids.

Fronçant les sourcils, le prêtre se plaça non loin de l'agresseur, dans son dos, sa silhouette lui faisant de l'ombre, s'ils s'étaient retrouvés en plein jour et se fit bien vite entendre, ce n'était pas le moment d'attendre que l'autre ne fasse une bêtise.

- Quels sont les mots si difficiles à comprendre dans ce qu'elle vient de dire? Fit-il d'une voix grave, presque menaçante, tout en croisant les bras. Observant de toute sa hauteur cet homme, l'écrasant au mieux de sa présence, il avait l'air d'un grand corbeau, prêt à fondre sur sa proie.

Car il était aussi évident, que Dantes ne ferait pas le poids contre le mastodonte qu'il avait en face de lui, il avait beau faire une bonne tête de plus que lui, il n'avait pas sa carrure de boxeur. Il pouvait assurément le mettre K.O en un coup de poing bien placé dans le nez et l'homme d'église espérait secrètement que ça n'en arrive pas là. Il n'en montra pourtant rien et son regard noir fixait celui de son interlocuteur, attendant qu'il se manifeste.

Celui-ci ne manqua pas de grogner quelque chose avant de s'éloigner sans demander son reste, la collerette blanche que l'on voyait au cou de l'homme le dissuada de sa première idée, on ne touchait pas à un homme de foi. Surtout que celui-ci ne semblait pas des plus sympathiques et risquait bien de faire parler de lui, s'il osait lui mettre la main dessus.

Faust' suivit du regard l'inopportun, jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision, avant de reporter toute son attention sur la jeune femme, perdant bien rapidement son air si peu avenant et garda un air un peu plus doux et presque inquiet.

- Vous n'avez rien? S'approchant doucement d'elle, il s'abaissa quelque peu, sa main se refermant délicatement sur la poignée de l'une des valises de la dame. Laissez-moi vous aider. Vous alliez quelque part?

Non, il ne jouait ni au chevalier servant, ni au galant. Il faisait ce pourquoi il avait toujours été éduqué. Aider son prochain. C'était son job, voilà tout.

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Lulla ne remarqua pas de suite l’individu qui s’était placé derrière l’ivrogne – bien trop occupée à fixer l’arrogant qui s’approchait de quelques pas. C’est alors qu’il apparut ; cet homme, à l’uniforme familier et au traits sévères. De sa voix grave, il intima à l’ivrogne de partir et Lulla posa son regard interdit sur ce prêtre qui la dominait par sa taille. Elle fut étonnée de constater que les prêtres étaient respectés comme les détendeurs de l’ordre. Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale et la jeune femme baissa les yeux un instant – saisie par le malaise perpétuel provoqué par le simple fait d’évoquer la religion.

Le prêtre s’approcha lentement d’elle et s’inquiéta de savoir si elle allait bien tout en saisissant ses bagages pour lui rendre service. Silencieuse, Lulla ne cessait de fixer l’inconnu, comme si c’était le diable en personne. Bien qu’un sourire accueillant se dessinait sur le faciès de l’homme de foi, Lulla ne put s’empêcher de reculer d’un pas – reprenant tout sa contenance pour ne pas qu’elle ait l’air d’une folle. Quoiqu’il en soit, son italien était compréhensible, et elle n’eut pas de mal à trouver les mots pour lui répondre.

« Hum, merci beaucoup mon Père. » Lâcha-t-elle en butant sur le dernier mot comme si cela lui était difficile de le prononcer. « En réalité, je cherche une auberge où passer la nuit. Peut-être pourriez-vous me renseigner ? »

La belle anglaise n’avait nullement envie de s’attarder sur le sujet – ou dans la discussion. Elle était éreintée et agacée par la situation. Ses iris se plantèrent sur la croix qui pendait au coup de son interlocuteur et bien que son visage n’en montrait rien, Lulla bouillait intérieurement. Pourquoi était-elle si en colère contre la religion ? Avoir bouffé du Dieu à toutes les sauces, avoir accepté les châtiments en son nom – voilà pourquoi les croyances lui donnaient maintenant envie de vomir…

Elle secoua légèrement la tête, son air préoccupé laissant place à un soudain retour à la réalité. Bien que son interlocuteur soit très serviable et courtois, la nouvelle venue restait sur ses gardes. Ne souhaitant pas pour autant paraître pour une impolie, Lulla se fit force pour se détendre se décida à accorder un sourire à son ‘sauveur’.

« Je m’appelle Lulla Black. Je viens à peine d’arriver à Roccianera. Mon voyage fut plutôt long.» Déclara-t-elle en abaissant sa large capuche noire sur ses épaules, dévoilant ainsi son visage au prêtre. « Je ne connais pas du tout cette ville ; alors c’est avec reconnaissance que j’accueillerais vos informations sur un endroit où je pourrais passer la nuit. »

La jeune femme guetta la moindre réaction de la part de son interlocuteur, et elle espérait seulement qu’il ne se montrerait pas trop curieux sur sa venue ici.

Fausto n'avait pas manqué le tressaillement de la jeune femme, alors qu'il s'était approché d'elle, il avait bien vu qu'elle avait reculé d'un pas. Comme pour mettre une distance de sécurité entre eux deux. Avait-elle compris qu'il ne lui voulait aucun mal? Vrai qu'il n'avait l'air des plus sympathique, mais il s'était pourtant radoucis, enfin c'est ce qu'il croyait en tous les cas. Peut-être qu'il devrait voir à se montrer encore plus rassurant et amical...

L'inconnue le remercia alors de l'avoir aidé, il lui fit un léger sourire rassurant. A l'entendre, il avait bien comprit qu'elle n'était pas du village, bon fallait bien avouer que les bagages étaient une preuve en plus, mais à son accent, il pouvait parier qu'elle n'était pas non plus italienne. Il n'était pas totalement sur de sa nationalité, mais il savait qu'il ne tarderait pas à retrouver, après tout, ce n'était pas comme s'il n'avait jamais voyagé de sa vie.

- Je vous en prie, ma fille. C'est bien la moindre des choses.

Le prêtre avait bien sentit le moment d'hésitation sur le "mon père", mais ne releva rien. Elle n'était pas la première qu'il croisait qui avait un problème avec ce genre d'appellation et ne serait assurément pas la dernière à l'avoir qu'il croiserait. Elle confirma bien vite ce dont il se doutait, qu'elle n'était pas du village et qu'elle venait d'arriver, puisqu'elle demanda un endroit où elle pourrait aller se reposer.

- Je dois bien vous avouer que je ne suis pas ici depuis fort longtemps, je ne connais pas toutes les auberges de la ville, par contre, nous avons de la place au presbytère, il n'est pas loin. Vous y serez en sécurité pour la soirée, il ne fait pas bon de se promener seul la nuit dans les rues de la ville...

Il s'était redressé de toute sa hauteur, portant alors les bagages de la demoiselle, si elle voulait réellement trouver une auberge, il faudrait qu'ils se mettent bien rapidement en marche. L'Inquisiteur pu alors contempler à loisir les traits de celle qui lui faisait face, une belle femme, comme toutes celles qu'il avait croisé depuis qu'il était ici... une sale farce du Diable à n'en pas douter.

Elle se présenta alors, il garda son sourire et fit un léger signe de la tête.

- Enchanté, mademoiselle Black. Je suis le Père Fausto Dantes et je me doutais bien que vous n'êtes pas d'ici. Si... ma proposition de logement ne vous convient pas, nous pouvons tenter de trouver une auberge qui doit être dans les parages.

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« C’est que… Vraiment je ne sais pas. Je n’aimerais pas vous déranger. »

« Je n’en sais trop rien. A vrai dire, je n’arrive plus à réfléchir. »

« Je ne me sens pas d’humeur à partir à l’aventure… Si vous me promettez que cela ne suscitera aucune gêne dans votre environnement, alors j’accepterais votre invitation. »

Tu es complètement folle ma pauvre fille ! Quelle idée d’aller te mettre dans une église ? Tu les as en horreur ! Cela fait combien de temps que tu n’y as pas mis les pieds ?! Oui… Réfléchis bien Lulla. Depuis ta sortie du Couvent. Crois-tu réellement que c’est une bonne idée ?

« Merci, vraiment. »

« Je chercherais dés demain un endroit où m’installer. Je partirais à l’aube. »

Oh Lulla, petite Lulla. Les prières ne t’ont jamais rien amené de bon…

Un moment de silence, l'homme de foi voyait bien que la jeune femme était en pleine réflexion face à sa proposition. Certains auraient sauté sur l'occasion sans réfléchir. Après tout, il offrait un toit et assurément, sans demander une seule compensation en échange. De quoi plaire au plus radin.

Il garda son sourire rassurant, tandis qu'elle émettait quelques doutes, elle ne voulait pas déranger. Mais les gens dans le besoin ne le dérangeaient jamais. Il leur ouvrait les bras, à n'importe quelle heure de la journée.

- Vous ne dérangerez pas, ne vous en faite pas.

Il marqua un petit temps, l'écoutant parler. Oui, elle semblait épuisée, ça se voyait sur son visage, elle ne semblait pas être non plus au meilleur de sa forme, comme si quelque chose l'effrayait, mais Fausto n'arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui pouvait la mettre dans cet état. Car ce n'était pas simplement que la fatigue qui lui tirait les traits ainsi.

- Vous me semblez bien fatiguée en effet, profitez du lit que je vous propose. Votre esprit sera plus clair demain matin, après une bonne nuit de sommeil.

Mais non, il ne prêchait pas pour sa paroisse, il préférait presque la voir sous son toit que de se retrouver dans une des auberges de la ville, dont certaines n'étaient sûrement pas des plus recommandables. Alors autant qu'elle se retrouve dans un endroit pour le moins calme et sur.

Au final, elle accepta quand même sa proposition et il fit un léger mouvement de la tête, content de la tournure des événements, son sourire scotché aux lèvres, toujours aussi doux et bon.

- Je vous le promets. Il y a bien assez de place pour accueillir une âme dans le besoin. Alors ne vous tracassez plus pour cela.

Et puisque tout était dit, il commença à marcher en direction de l'église, tout en prenant le remerciement de la demoiselle. Le prêtre tourna la tête dans sa direction, pour la regarder alors qu'il parlait.

- Il n'y a rien de plus normal. Vous n'êtes pas obligée de vous presser à partir, en tous les cas, pas besoin de quitter la maison à l'aube. Ce n'est pas mon genre de chasser mes invités. Et tant que vous ne trouverez pas ce qui vous convient, vos affaires peuvent rester chez nous.

Après tout, le presbytère était bien assez grand pour les deux ecclésiastes, ce n'était donc pas quelques bagages posés dans une chambre "d'ami" qui pourrait réellement leur poser problème. De plus, Dantes ne doutait pas que son confrère verrait d'un bon œil sa proposition. Le père Gabriel était un homme bon, il l'avait vu dès leur première rencontre et n'était pas fâché de devoir travailler avec lui, il lui facilitait grandement la tâche.

Suivez le chemin.

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